CHANG’AN

CHANG’AN
CHANG’AN

CHANG’AN [TCH’ANG-NGAN]

Actuelle Xi’an, capitale de la province chinoise du Shaanxi. La première Chang’an (Paix éternelle) est établie comme capitale de l’empire par les Han (\CHANG’AN 202), sur la rive droite de la Wei et à une quinzaine de kilomètres au sud de Xianyang, la capitale des Qin qu’ils viennent de renverser. La ville met environ un siècle à acquérir son étendue définitive. Elle est entourée d’une muraille de forme irrégulière, longue de quelque vingt kilomètres, englobant un nombre imposant de palais et deux grands marchés; sa population atteint peut-être le demi-million d’habitants. Plusieurs canaux facilitent son approvisionnement. Située au débouché de la route de la soie et lieu d’une activité diplomatique et commerciale intense, gouvernant un empire extrêmement centralisé qui va de l’Asie centrale à la Corée et au Vietnam, c’est une des cités les plus puissantes de l’ancien monde. Après l’usurpation de Wang Mang (9-23) et les dévastations causées par la rébellion des Sourcils rouges, les Han postérieurs transfèrent leur capitale à Luoyang. Chang’an entre alors dans une période de récession de plusieurs siècles.

En 582 l’empereur Wendi des Sui établit sa capitale Daxingcheng à quelques kilomètres au sud-est de l’ancienne ville Han. En 618 les Tang s’installent dans les mêmes murs et rétablissent le nom de Chang’an. La capitale des Tang est sans conteste la plus prodigieuse métropole du monde médiéval. Immense quadrilatère de 9,7 km sur 8,7 km, c’est aussi la première ville entièrement planifiée de l’histoire de la Chine. On en retrouve le plan dans d’autres capitales extrême-orientales, notamment Nara et Ky 拏to au Japon. Contrairement à l’antique prescription du Rituel des Zhou , le palais est adossé à la muraille nord, au lieu d’être au sud, et domine la ville extérieure partagée par une vaste avenue nord-sud. Directement au sud du palais se trouve une cité administrative entourée de murs (autre innovation des Tang). Au nord du quadrilatère s’étendent les parcs impériaux, également enclos de murs, où se trouve le palais de la Grande Clarté (Daming gong), construit en 634 et agrandi en 662, qui devient après cette date la résidence de facto de l’empereur. Un autre palais sera construit au sud-est sous le règne de l’empereur Xuanzong (713-756). Des avenues larges de 70 (est-ouest) ou 150 mètres (nord-sud), se coupant à angle droit, délimitent cent dix blocs, ou «quartiers» (fang ), et deux marchés, l’un à l’est et l’autre à l’ouest. Chaque quartier est entouré d’une muraille de terre avec deux ou quatre portes, fermées et gardées la nuit. Les quartiers sont exclusivement résidentiels; certains, surtout au sud, sont en fait presque déserts, ou occupés par des «espaces verts», et d’autres sont réservés à des temples ou à des monastères. Les aristocrates et les fonctionnaires vivent plutôt dans la moitié est de la ville, la moitié ouest étant plus populaire, voire franchement pauvre. Les commerces et l’artisanat ne sont autorisés que dans l’enceinte des deux marchés, et ils sont étroitement réglementés et surveillés par l’administration. Les activités sont organisées en deux cent vingt guildes, et les étals sont regroupés par spécialités. Les marchés fonctionnent de midi au coucher du soleil. À son apogée (première moitié du VIIIe s.), la ville a pu compter jusqu’à un million d’habitants.

Jusqu’à la rébellion d’An Lushan (755-763), Chang’an est un peu le centre du monde en Asie, un centre où convergent hommes, produits et idées. Par la route de la soie, contrôlée par les Tang jusqu’aux lointains Pamirs, arrivent les marchandises d’Asie centrale, de Perse, de Byzance; l’empire commerce avec le monde arabe par l’intermédiaire de Canton; de nombreux pays, tel le Japon, envoient des ambassades. Les quartiers de l’ouest en particulier abritent une population non négligeable de Turcs, de Persans, d’Arabes, d’Indiens, de Japonais... Certaines familles de commerçants non chinois sont résidentes depuis plusieurs générations. La diversité des religions représentées reflète ce cosmopolitisme. Si la majorité des temples et des monastères appartiennent aux deux grandes religions qui se disputent les faveurs de la cour, le taoïsme et le bouddhisme, on trouve aussi des établissements zoroastriens, manichéens et même chrétiens comme l’atteste la stèle nestorienne de 781. Des moines japonais, tels K kai ou Ennin, des princes également, viennent étudier dans les monastères et se font les véhicules d’une très forte influence du bouddhisme et de la culture Tang au Japon. C’est aussi à Chang’an que les grands pèlerins chinois, Xuanzang notamment, s’installent pour traduire les sutras ramenés d’Inde.

Déjà pillée par les armées d’An Lushan (756), puis par les Ouïgours appelés à la rescousse par les Tang, Chang’an souffre surtout pendant son occupation par les troupes du rebelle Huang Chao (880-883), qui massacrent les riches et redistribuent leurs biens. Les troubles de la fin des Tang marquent la fin définitive d’une époque, et les régimes éphémères des Cinq Dynasties installeront leurs capitales à Luoyang ou à Kaifeng. La ville n’est pas reconstruite avant les Ming (un fils du fondateur de la dynastie y est apanagé); correspondant approximativement à l’ancien palais et à l’ancienne cité administrative, l’espace enclos par la muraille de la préfecture de Xi’an sous les Ming et les Qing ne représente que le sixième de la capitale des Tang, que même l’agglomération contemporaine est loin de recouvrir.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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